Nous avons rencontré Océane Derecourt, animatrice au sein d’Elvea Hauts de France. Cette association fait partie du réseau Elvea France qui a pour mission d’accompagner les éleveurs bovins. Dans cette interview, Océane revient sur l’utilisation de Landfiles par le GIEE dérobées fourragères au service de l’élevage. 

Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ? 

Je travaille chez Elvea Hauts de France, c’est une association d’éleveurs bovins reconnue par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Notre principale mission est de gérer les filières qualités et démarche de proximité, en viande bovine.

Pourquoi avoir choisi Landfiles comme outil numérique ?  

Nous travaillons en partenariat avec Remy Pigneaux qui s’est déjà lancé sur Landfiles. Il nous a dit que cet outil pouvait être intéressant. C’est un réseau qu’on ne connaissait absolument pas au sein d’Elvea. Nous avons initialement utilisé Landfiles pour animer un GIEE (Groupement d’Intérêt Economique et Environnementale), le GIEE dérobées fourragères au service de l’élevage.  

Quels étaient vos objectifs à la création du groupe ? 

 Nous avons deux groupes au sein de l’association : le GIEE dérobées fourragères au service de l’élevage et un groupe pâturage tournant dynamique. On a développé le groupe GIEE dérobées fourragères il y a un an et demi. 

 Ce qui est bien avec Landfiles, c’est qu’on peut faire une exportation des données de tous les agriculteurs, directement en format Excel. Nous avons mis en place un formulaire de collecte de données et quand on exporte, nous avons tout sous Excel. Cela simplifie le traitement des données par la suite.

C’est un très bon outil une fois qu’on a compris « le truc » pour programmer des formulaires. J’ai passé du temps avec Nicolas Minary pour justement faire un formulaire assez fluide, pas trop complexe pour les agriculteurs afin que tout le monde puisse le remplir.

Sur les deux groupes le formulaire le plus élaboré c’est sur le GIEE dérobées fourragères au service de l’élevage et des cultures. Il nous permet de restituer les informations plus facilement.

En créant ce groupe, l’objectif était de recueillir un maximum de données, quels types de données ? 

Les assolements, les précédents culturaux, la fertilisation, les suivis, les semis, les récoltes et les récoltes par le pâturage avec les dates, les remarques éventuelles d’agriculteurs, et les cultures suivantes. 

Nous avons deux experts sur ce groupe-là : Frédéric Velut, un agronome et Rémy Pigneaux qui est plus spécialisé sur le pâturage. Quand les agriculteurs remplissent les données, mes collègues voient ce qui est noté et ils peuvent ainsi réaliser des observations sur le terrain lors de leur passage. Ils passent quinze jours/trois semaines après. 

Comment avez-vous réussi à embarquer les éleveurs dans un outil numérique de partage de connaissances ? 

C’était compliqué, il arrive qu’il y ait des éleveurs chez qui Rémy et Frédéric passent et remplissent. Mais par exemple il y a Sylvain Bertin à Ecques, qui a lui-même rempli son nombre de cultures dans la rotation, dates de récoltes, dates de semis, modes de semis, les espèces, il y en a 4 : pois, sorgho et 2 trèfles, dose de semis, date d’observation. 

Ce sont les éleveurs qui rentrent les données, cela permet d’avoir un retour d’informations sur la parcelle et les rendements. Souvent on observe des mélanges et la culture suivante. Nous avons fait beaucoup de réunions avec le GIEE sur le terrain, je leur ai répété d’installer Landfiles et à chaque fois que Rémy et Frédéric passent dans les fermes, ils demandent s’ils ont l’application. Au bout d’un moment on voit qui l’a ou pas.  

Je leur ai créé à tous leur exploitation et ils ont juste à cliquer sur leur invitation par mail pour rejoindre la ferme sur Landfiles. Pour une majorité ça a été plutôt facile. Maintenant ils sont quasiment tous inscrits mais après il faut publier… Nous avons conditionné la contribution au GIEE en fonction de la collecte de données.  

Quel a été le bénéfice de l’utilisation de cet outil ? Sur quels sujets avez-vous vu une amélioration grâce à l’utilisation de Landfiles ? Pour vous et les éleveurs. 

Centraliser les données sur un seul site ! En une exportation, on a toutes les données, c’est vraiment pratique. Nous avons amélioré la communication au sein du groupe. Par exemple, il y a quelques temps, nous avons fait une formation et certains ont demandé les retours sur les récoltes précédentes. La personne a mis directement les données sur Landfiles. Nous ne sommes pas obligés d’envoyer un sms groupé. Là, on poste et tout le monde peut commenter et voir les commentaires des autres. 

Est-ce que les éleveurs sont conscients que ça leur apporte quelque chose ?  

Oui, sur 16 membres il y a en 7 qui sont assez actifs. On les voit connectés, mettre des « j’aime » et des commentaires donc pour ceux-là je pense que oui ils sont conscients. Ça doit faire 6/7 mois qu’on leur dit qu’il faut publier et ça doit faire 1 mois que nous avons conditionné le financement à la collecte de données via Landfiles.  

Je pense que ça évolue : chaque jour, il y a des interactions sur la page. Après il y a des membres qui m’appellent pour me dire qu’ils n’arrivent pas à se connecter, j’essaie de trouver une solution et si je n’en trouve pas je leur dis “la prochaine fois que vous allez en formation envoyez-moi un message et je viens aussi”.  

Ce sont des problèmes faciles à résoudre souvent liés à l’adresse mail simplement. En formation j’ai un peu le temps de regarder, j’en profite mais après y en a qui me disent « non je n’ai pas envie » ou « mon téléphone n’a plus de place ».

Les éleveurs qui ne publient pas vous envoient les données ? 

Pas pour l’instant mais ils seront obligés de le faire. Mais un jour ou l’autre il faudra passer par Landfiles ou envoyer un mail avec un Excel. Après c’est la première année du GIEE. Nous serons sûrement indulgents mais au fur à mesure tout va passer par Landfiles, parce que là je fais une exportation sur le groupe et c’est beaucoup plus simple pour nous. L’avantage d’avoir tout passer sur les formulaires c’est qu’on a les doses de semis et on peut faire des moyennes etc. En fait, on peut tout faire.   

Et pour les réticents, le fait passer par le web peut être une solution ?  

Certains sont sur l’ordinateur, ce qui bloque généralement c’est de mettre les photos du téléphone sur Landfiles de l’ordinateur, après certains ne mettent pas de photos et remplissent juste le formulaire. Ainsi Rémy, quand il va à leur rencontre, n’a plu qu’à remplir les doses de semis, les modes, les espèces et les dates. Il ne met pas de photos ou sinon quand il a le temps. 

Est-ce que vous arrivez à faire de l’animation de groupe ou vous êtes seulement sur de la collecte ? Et si c’est le cas est-ce que vous aimeriez faire plus d’animation et comment la voyez-vous évoluer ? 

Je publie des informations, et Rémy aussi. Par exemple, des photos pour un peu animer. Avec Elvea nous avons un planning de formation avec une partie en distancielle sur YouTube. Ce sont des vidéos qu’ils regardent et qu’on publie aussi sur Landfiles, ainsi je touche les éleveurs qui ne l’ont pas vu. Je n’ai pas le temps d’animer tous les jours et je compte vraiment sur les éleveurs. Je veux que ça soit un groupe où les éleveurs participent et publient eux-mêmes leurs données.  

Rémy, chez lui, fait des essais et il publie des photos sur le groupe mais le but à terme c’est qu’il n’y ait plus rien de publié au nom d’Elvea et que ça soit juste les éleveurs. Il faut que le groupe soit autonome. 

Après le but d’un GIEE, c’est que chacun fait ses essais, chacun partage ce qui marche et ce qui ne marche pas et ainsi les années suivantes on élimine ce qui ne marche pas et on reprend ce qui marche. Ce n’est pas moi qui fais des essais, ce sont les éleveurs qui peuvent se partager les résultats des essais pour progresser. 

Un échec est tout aussi important à publier. Par exemple, s’il y a un échec sur un mélange, un éleveur va se dire « je comptais faire ça mais ça ne sert peut-être à rien, vu que c’est un échec » ou au contraire il va plutôt se dire « ça n’a pas marché là-bas, je vais essayer de le faire ici ». Si ça ne marche vraiment pas chez deux personnes ce sont peut-être des choses à ne pas refaire chez nous.  

Est-ce que vous auriez 3 mots pour qualifier Landfiles ?   

Rapidité, simplicité et à la fois complexe. Il faut des éleveurs déjà familiarisés avec les nouvelles technologies. Dans ce cas, c’est relativement simple.