Avec la diminution de l’utilisation des pesticides et la maîtrise du dépérissement du vignoble, l’adaptation au changement climatique fait partie des enjeux majeurs actuels de la viticulture française. En effet, nous savons que la vigne est sensible aux aléas climatiques, mais qu’en est-il réellement des conséquences de ceux-ci sur notre vignoble ?
C’est un fait, la température moyenne de l’air a augmenté de 1,4°C depuis 100 ans sur le sol français. Face à cette augmentation de la température, la vigne décale petit à petit son cycle plus tôt en saison. Ainsi à Colmar, la floraison se passe en moyenne 5,6 jours plus tôt que celle de 1989, et la véraison, c’est-à-dire le moment où les grains se colorent, est avancée de 6,1 jours. Ce déplacement dans le temps du cycle de la vigne, aboutit à une maturation du raisin qui se déroule en conditions de plus en plus chaudes ce qui conduit à une baisse de l’acidité dans les grains mais également à une augmentation de la teneur en sucre, entrainant la production de vins plus alcoolisés. [1]
Les dates des vendanges, sont donc de plus en plus précoces chaque année. Par exemple, entre 1985 et 2010, l’Alsace a vu ses vendanges avancées de 26 jours, ce qui a pu entrainer des difficultés techniques de vinifications dues en particulier aux fortes chaleurs, pouvant aller par exemple, jusqu’à inciter certains viticulteurs à vendanger la nuit. [2]
D’après les résultats du projet Laccave, porté par l’INRA, l’avancée du cycle de la vigne va se poursuivre, encouragée par des vagues de chaleurs toujours croissantes. L’évolution des pluies et de la grêle, qui sont aussi des facteurs décisifs du bon développement de la vigne est quant à elle plus difficile à prévoir. Il est également probable que les populations de parasites modifient aussi leur comportement. [1]
Alors, comment les vignerons vont-ils pouvoir faire face à ces enjeux ? Des chercheurs de l’Université de Bourgogne Franche-Comté ont étudié la plasticité des cépages au changement climatique, c’est-à-dire la capacité d’adaptation de ces derniers aux variations de leur environnement. Les résultats indiquent que certains cépages se sont adaptés à de nombreux milieux, c’est l’exemple du Chardonnay que l’on retrouve sous de nombreuses latitudes et climats différents, tout en permettant la production de vins de qualité.[2]
Pourtant, il existe des limites climatiques au développement de la vigne, par exemple des températures trop basses, ou trop élevées (bien que le sujet ne soit pas bien documenté) ou encore l’excès d’eau. Cependant, on trouve des vignes capables de résister à -30°C ou encore des vignobles dans le Sud-Est de l’Anatolie en Turquie par exemple, où seuls les déserts ont des indices de sécheresse plus bas. [3]
La vigne et les vignerons ont donc su s’adapter à de nombreux contextes pédo-climatiques, pour autant cette adaptation leur a pris du temps, pour faire face aux changements et les échanges d’expérience entre vignerons est au cœur de ces réussites. Ils peuvent en effet jouer un rôle crucial en observant le résultat de leurs pratiques et en partageant leur expérience avec leurs pairs pour avancer ensemble.
Landfiles accompagne ainsi des groupes de viticulteurs, d’agriculteurs, ou d’éleveurs en leur proposant des outils et méthodologies pour permettre l’échange d’expérience et l’expérimentation participative. Ceci dans le but de construire, tester et élaborer des stratégies pour concrétiser l’agriculture de demain. Cette méthode d’expérimentation participative permet de mettre en oeuvre des projets décidés par les groupes, et de collecter des données qui utiles dès la saison suivante. Dans ce objectif, il est important de démarrer rapidement la mise en place des relevés d’expérimentations.
[1] Projet LACCAVE, INRA, Novembre 2018.
[2] Bois, B. Gavrilescu, C. 2019. Quelle plasticité des cépages face au changement climatique ? Université Bourgogne Franche-Comté.
[3] Bois, B. Gavrilescu, C. 2019. Quelle plasticité des cépages face au changement climatique ? Université Bourgogne Franche-Comté.
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